jeudi 15 avril 2010

Solutions locales pour un désordre global


Très intéressé par les questions d'environnement et d'écologie, je suis allé voir au cinéma le dernier film de Coline Serreau "Solutions locales pour un désordre global".

La cinéaste s'est intéressée tout particulièrement aux problèmes liés à la terre, à la structure de nos sols et à leurs appauvrissement. Caméra au poing ou caméra-stylo, elle a parcourue une partie du monde à la recherche de témoignages. Des témoignages saisissant et riches d'intérêts, à la fois sur la destruction des sols (et son absurdité) orchestrée par les firmes internationales et sur les solutions qui existent, qui sont misent en pratique (dans certains cas depuis plus de 30 ans), les remèdes à appliquer …

Au centre du film, le constat amer de la tromperie déguisée sous le doux nom de la fameuse "révolution verte". C'est une horreur et une grossière erreur ! La manne engrangée par les multinationales est colossale et n'a de cesse d'aiguiser leur appétit vorace.

Le matraquage systémique - sans aucun scrupule ni réflexions sur l'avenir - de produits phyto-sanitaires et autres engrais de synthèses depuis la fin de la seconde guerre mondiale ont pour conséquence la destruction de la vie des sols cultivés. Car oui, ça vie, ça grouille, ça travaille, ça aère le sol, … ! Cela, l'intervention de Claude Bourguignon le souligne bien : le rôle de cette "faune" très diversifiée est sans commune mesure avec les produits chimiques bombardés. Macroscopie à l'appui, on entre dans cet univers où se bousculent des créatures de toutes tailles. Leurs activités permettent de digérer les éléments présents, de les rendre assimilable par les plantes, ils aèrent le sol, ils le travaillent. Le laboure est d'ailleurs pas vraiment utile. "On viole la terre". N'oublions pas non plus les bactéries qui sont des milliards dans un seul petit gramme de terre ! Invisible, cette faune est indispensable au bien-être des plantes.

Malheureusement, l'épandage massif des substances chimiques (issus à l'origine des "gaz moutarde" et de l'amoniac utilisés durant les deux grandes guerres mondiales) anéantit cette microbiologie et, par conséquent, diminue les capacités de production du sol. La solution proposée par l'industrie agronomiques est de remettre des engrais, de vendre des machines pour l'épandre, etc. Ils s'enrichissent et l'agriculteur s'endette. Idem pour les semences. Pourquoi ne pas faire acheter les graines ? Ainsi, chaque année, des milliers et des milliers de paysans du monde entier rachètent-ils leurs semences. On est évidemment en droit de se demander comment on en est arrivé là, pourquoi traiter ainsi notre terre nourricière.
Plusieurs années sont nécessaires pour réinstaller la vie dans un sol meurtri et tout cela dépend, bien sûr, du taux de produits pétro-chimiques présent !

Rien n'est perdu, il est tout à fait possible, année après année, de retrouver une bonne terre ! On peut et on sait produire de la nourriture dans de meilleures conditions. Pour cela, il faut d'abord s'affranchir de la dépendance aux multinationales gourmandes ! Il est possible de garder des graines pour les replanter l'année suivante sans que cela soit illégale (c'est quand même une aberration !), il est possible de cultiver des variétés de tomates, de maïs, de lentilles devenues rares, préserver la diversité.
La monoculture n'est pas une solution. De même, faire croire que l'agriculture intensive permet de nourrir la planète est une illusion qui plait à ses pourvoyeurs. En réalité, les conséquences sont désastreuses pour l'avenir de l'alimentation, de la qualité des sols et des rivières, de la biodiversité, etc. Cette agriculture est basée sur le rendement et n'offre pas de bonne qualité. Les traitements imposés ne garantissent même pas la bonne santé des végétaux …

Point de pessimisme. On peut agir pour l'environnement et faire renaître, par exemple, l'agro-foresterie (laquelle démontre ses succès dans le film chez un ancien pratiquant de l'agriculture intensive, en Inde), ré-employer les méthodes du compost, du paillage, du Bois Raméal Fragmenté (BRF).

Pratiquant un éco-jardinage depuis quelques années dans mon modeste jardin et potager, je puis témoigner de la hausse d'activité d'un sol auparavant figé et nu. Le brf et l'apport de compost a multiplié les vers de terre, signe extérieur (et visible) d'une microbiologie en progression. Au début, quand j'ai emménagé ils étaient rares, à présent, je me réjouis de les voir de plus en plus nombreux.
Tout est réutilisable, tout se transforme, au jardin comme dans la nature.
En somme, rien n'est jamais perdu !

Ecouter Coline Serreau dans l'émission "CO2 mon Amour" du 3 avril 2010.

Site officiel du film de Coline Serreau "Solution locales pour un désordre global".

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