jeudi 24 juin 2010

Protéger les forêts primaires


A l'occasion de l'"Année 2010 de la biodiversité", des rendez-vous sont donnés un peu partout dans le monde pour sensibiliser politiques et grand public sur le sujet. Le sujet est passionnant, trop méconnu et il nous concerne tous (il s'agit quand même de la multitude du vivant sur notre planète, de sa diversité …).
L'UNESCO, soutenu par des milliers d'associations, a voulu que l'on s'en préoccupe davantage car, rappelons-le, plus de 60 % des écosystèmes sont perturbés, des centaines d'espèces s'éteignent ou sont menacées après qu'on leur est confisqué leurs milieux et pourtant, on continue toujours d'en découvrir !

Dimanche dernier, dans le cadre d'une journée sur la biodiversité organisée par l'association "Les Herbes Sourcières", j'ai eu le plaisir d'écouter l'intervention du grand botaniste Francis Hallé, célèbre entre autres pour les immenses radeaux déposés à la cime des grands arbres des forêts tropicales, installant en quelque sorte un prodigieux "balcon en forêt primaire" ! Parce que c'est là-haut que ça se passe, dans la canopée, au plus près de la lumière solaire. L'homme nous a donc emmené, dans une langue qui lui est propre, à la découverte de ce monde fascinant et longtemps ignoré. Et là, plus qu'ailleurs, la biodiversité y explose.

Francis Hallé a, bien entendu, attiré notre attention sur le déclin des grandes forêts primaires. Premiers responsables, l'exploitation du bois et l'aménagements de nouvelles parcelles de cultures … Pensez donc, une forêt dégradée qui est laissée ensuite à l'abandon a besoin d'au minimum 800 ans pour retrouver ses gallons de "primaires" ! Tout ce que nous détruisons maintenant et donc perdu pour très longtemps. Il y a urgence, la déforestation progresse très vite dans les régions du monde où elles subsistent encore : Amérique du sud, Afrique équatoriale, Indonésie … C'est véritablement un trésor que l'on met en péril.

"Les forêts équatoriales représentent le sommet de la biodiversité. On y trouve le maximum d'espèces dans un volume donné, beaucoup plus que dans le milieu marin. C'est donc une formidable perte. Notre espèce y est née, et on y trouve encore nos plus proches cousins, les grands primates. Et n'oublions pas que cette disparition se double d'un génocide car il y a des hommes qui vivent là, sans détruire quoi que ce soit. Un génocide institutionnalisé pour la recherche du profit : qu'est-ce que ce monde-là ? Le cas de la Guyane me touche de près. On y détruit la forêt pour chercher de l'or, en utilisant du mercure qui pollue les rivières et pourrait avoir une influence dramatique sur les populations amérindiennes. Quand Hernán Cortés est arrivé à Mexico, que cherchait-il ? De l'or, et il avait le plus profond mépris pour les Indiens. A-t-on fait le moindre progrès depuis ?" Extrait de l'entretien avec Francis Hallé publié dans le Télérama n°3066.


A l'issue de la conférence, le botaniste nous a parlé de son projet de long-métrage "Promenade en forêt" et de sa recherche de soutien financiers et autres. Il a la conviction que l'opinion a les cartes en main pour orienter les décisions des décideurs politiques dans la préservation nécessaire des grandes forêts primaires à l'image de ce qu'ont réussi des films comme "Le monde du silence" initié par le commandant Cousteau ou encore "Home" de Yann Arthus-Bertrand.

www.foretstropicaleslefilm.org

A écouter, découvrir ou réécouter en podcast, "A Voie Nue" avec Francis Hallé sur France Culture.

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